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Protection des données personnelles

La protection des données personnelles

À l’ère du numérique, la protection des données personnelles n’est plus une option : c’est une exigence juridique impérative et un levier essentiel de confiance entre les organisations et leurs usagers, clients ou citoyens. Encadrée par le RGPD et les textes nationaux, elle constitue une condition incontournable de légitimité, de loyauté et de transparence dans tout traitement de données.

Qu'est-ce qu'une donnée personnelle ?

Identification directe

Une information identifiant directement une personne

  • Nom, prénom
  • Adresse postale
  • Numéro de téléphone
  • Adresse e-mail nominative
  • Numéro de sécurité sociale
  • Numéro de client ou de salarié

Identification indirecte

Une information permettant d’identifier une personne de façon indirecte

  • Identifiant technique (adresse IP, identifiant cookie)
  • Donnée de localisation
  • Photo, enregistrement vocal
  • Donnée biométrique ou génétique
  • Donnée de navigation, comportement d’achat ou de consultation

Association à un profil

Une donnée associée à une personne identifiable, quelle que soit sa forme

  • Données professionnelles (fonction, lieu de travail)
  • Données économiques ou patrimoniales
  • Données de santé, opinions politiques, convictions religieuses, orientation sexuelle (catégories dites « sensibles »)
  • Données collectées via une plateforme ou une application, liées à un identifiant

Garantir les droits fondamentaux de la personne

La protection des données personnelles vise à préserver les libertés et droits fondamentaux garantis par le droit européen et international, notamment :

  • Le droit au respect de la vie privée (art. 8 CEDH, art. 7 Charte des droits fondamentaux de l’UE)
  • Le droit à la protection des données personnelles (art. 8 Charte des droits fondamentaux)
  • La liberté d’expression et d’opinion, la liberté de circulation, la non-discrimination
  • Le droit à un recours effectif en cas d’atteinte ou de traitement illicite

La donnée n’est jamais neutre : son usage peut affecter la réputation, la dignité, l’accès aux droits et la liberté des individus.

Prévenir les atteintes
aux personnes

Le traitement non maîtrisé des données expose à de nombreux risques :

  • Atteintes à la vie privée (surveillance, traçage, exploitation commerciale intrusive)
  • Cyberviolence et cybercriminalité (usurpation d’identité, chantage, hameçonnage, ransomware)
  • Discrimination algorithmique et traitement inéquitable (recrutement, crédit, assurance, justice)
  • Manipulation de l’information (microciblage politique, biais cognitifs exploités à des fins commerciales)
  • Exclusion sociale ou économique (profilage défavorable, notation sociale)

 La protection des données est un rempart contre les risques d’atteintes à la personne dans l’environnement numérique.

Instaurer un cadre de confiance dans l’espace numérique

Au-delà de la protection individuelle, le respect du cadre juridique des données personnelles (RGPD, lois nationales, directives sectorielles) renforce :

  • La sécurité juridique dans les relations entre acteurs économiques, citoyens et institutions
  • La transparence des traitements et l’exercice effectif des droits (accès, rectification, opposition, effacement, portabilité…)
  • La responsabilité des acteurs et la mise en place de dispositifs de gouvernance des données
  • La prévention du risque contentieux et réputationnel (sanctions administratives, actions de groupe, atteinte à l’image)

Protéger les données, c’est favoriser la confiance dans l’espace numérique

Le droit international

Un droit fondamental reconnu au niveau international

La protection des données personnelles repose d’abord sur des instruments internationaux garantissant les droits de la personne :

🔹Convention 108 du Conseil de l’Europe (1981) : premier traité international contraignant en matière de protection des données, révisé en 2018 (Convention 108+).

🔹Article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) : droit au respect de la vie privée et familiale.

🔹Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ONU, art. 17) : protection contre les ingérences arbitraires.

 Ces textes reconnaissent le traitement des données personnelles comme une question relevant des droits humains.


Le droit européen

Un encadrement juridique harmonisé au niveau européen

L’Union européenne a fait de la protection des données un pilier de l’ordre juridique européen :

🔹Article 8 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE : consacre un droit autonome à la protection des données personnelles

🔹Règlement général sur la protection des données (RGPD – Règlement UE 2016/679) : cadre juridique de référence, applicable dans tous les États membres depuis le 25 mai 2018.

🔹Directive “Police-Justice” (UE 2016/680) : encadre les traitements de données à des fins répressives.

Le RGPD instaure une régulation européenne uniforme, extraterritoriale et responsabilisante, fondée sur la protection des personnes.

Le droit national

La protection des données personnelles en France repose sur plusieurs textes articulés avec le RGPD.

🔹Loi Informatique et Libertés (6 janvier 1978), modifiée pour intégrer le RGPD et la directive « Police-Justice »

🔹 Code pénal : les articles 226-16 à 226-24 répriment les traitements illicites, les manquements au devoir de sécurité, et les atteintes aux droits des personnes.

🔹 Code civil : l’article 9 garantit la vie privée. Les articles 1240 et suivants permettent d’obtenir réparation du préjudice causé par un traitement fautif.

🔹 Droit public : la loi Lemaire (2016) impose aux administrations l’ouverture des données publiques dans le respect de la vie privée. Ces règles sont codifiées dans le CRPA (articles L300-1 et suivants).

🔹 Textes réglementaires et sectoriels :  le décret du 29 mai 2019 et les codes sectoriels (santé, travail, sécurité intérieure…) précisent les modalités d’application.


Les droits des personnes sur leurs données

Les droits des personnes sur leurs données personnelles constituent un pilier fondamental de la protection de la vie privée à l’ère numérique. Garantis par le RGPD et la loi Informatique et Libertés, ces droits permettent à chacun de garder la maîtrise de ses informations, d’en contrôler l’usage, d’exiger leur rectification ou leur effacement, et de s’opposer à certains traitements. Ils visent à assurer une transparence, une loyauté et une responsabilisation des acteurs qui collectent et traitent les données.

Quelles sont les obligations du responsable de traitement prévues par le RGPD ?

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose aux responsables de traitement un ensemble d’obligations destinées à garantir la licéité des traitements, à protéger les droits des personnes concernées et à assurer la sécurité des données personnelles. Ces obligations peuvent être regroupées en quatre grandes catégories :


  1. Obligations de conformité et de gouvernance
  • Licéité du traitement : Le traitement doit reposer sur une base juridique valide (consentement, obligation légale, contrat, intérêt légitime…).
  • Respect des principes fondamentaux : limitation des finalités, minimisation des données, exactitude, durée limitée de conservation.
  • Mesures organisationnelles et techniques : mise en œuvre de dispositifs garantissant la sécurité, la confidentialité et la résilience des systèmes (Art. 32).
  • Accountability : capacité à démontrer à tout moment la conformité aux règles du RGPD (Art. 5§2).
  • AIPD – Analyse d’impact relative à la protection des données : obligatoire pour les traitements susceptibles d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés (Art. 35).

2. Obligations envers les personnes concernées

  • Information et transparence : obligation de fournir des mentions d’information claires, accessibles et complètes (Art. 12 à 14).
  • Respect des droits : garantir l’exercice effectif des droits d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité, de limitation du traitement, et d’opposition (Art. 15 à 22).
  • Délais de réponse : les demandes doivent être traitées dans un délai d’un mois maximum.

3. Obligations administratives et de documentation

  • Registre des activités de traitement : obligation de documenter tous les traitements mis en œuvre (Art. 30), sauf exceptions pour les PME sous certaines conditions.
  • Désignation d’un DPO (Délégué à la protection des données) : obligatoire pour les autorités publiques, ou en cas de traitements à grande échelle ou de données sensibles (Art. 37).
  • Notification des violations de données : obligation d’informer la CNIL dans les 72 heures (Art. 33), et les personnes concernées lorsque cela est nécessaire (Art. 34).

4. Obligations dans les relations avec les tiers

  • Encadrement des sous-traitants : par la signature de contrats conformes à l’Art. 28 RGPD, assortis de garanties de sécurité, confidentialité et assistance.
  • Transferts internationaux : obligation de garantir un niveau de protection adéquat pour tout transfert vers un pays tiers (Chapitre V), via clauses types, BCR ou décisions d’adéquation.


⚠️ Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions administratives lourdes, jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial, ainsi qu’une atteinte à la réputation de l’organisation.