Protection des lanceurs d’alerte

📊 Qui est le lanceur d’alerte ?

Un lanceur d’alerte est une personne physique qui signale, de bonne foi et sans contrepartie financière directe, une infraction, un crime, un délit, ou une menace grave pour l’intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance dans un cadre professionnel.

Depuis la loi « Sapin 2 » du 9 dĂ©cembre 2016, et sa rĂ©forme par la loi du 21 mars 2022 transposant la directive europĂ©enne 2019/1937, les droits des lanceurs d’alerte ont Ă©tĂ© renforcĂ©s.

🔹 Ce qui peut être signalé

Le lanceur d’alerte peut signaler toute information portant sur des faits répréhensibles ou des comportements menaçant l’intérêt général, notamment :

✅ Une infraction : Il s’agit de tout crime ou délit puni par la loi. Exemples d’infractions fréquemment signalées :

  • Infractions Ă©conomiques et financières : corruption, dĂ©tournement de fonds publics, prise illĂ©gale d’intĂ©rĂŞts, favoritisme, fraude fiscale, blanchiment.
  • Infractions en droit du travail : harcèlement moral ou sexuel, discrimination, travail dissimulĂ©, violation des règles de sĂ©curitĂ© ou de santĂ©.
  • Infractions environnementales ou sanitaires : pollution illĂ©gale, mise en danger d’autrui, dissimulation de risques pour la santĂ© publique.
  • Infractions contre les personnes : violences, menaces, traitements inhumains, atteintes Ă  la vie privĂ©e.
  • Infractions numĂ©riques : piratage, captation de donnĂ©es personnelles, usage abusif d’un système d’information.

✅ Une menace ou un préjudice grave pour l’intérêt général : Même en l’absence d’infraction pénale, certains faits peuvent porter gravement atteinte à l’intérêt général :

  • Atteinte Ă  la santĂ© publique ou Ă  l’environnement
  • Atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© publique ou Ă  la probitĂ© des institutions
  • Mise en danger de libertĂ©s fondamentales (ex. : surveillance illĂ©gale, traitement automatisĂ© discriminatoire)

✅ Une violation du droit de l’Union européenne ou d’une obligation internationale :

  • Non-respect des règles europĂ©ennes dans des domaines clĂ©s (marchĂ©s publics, protection des donnĂ©es, produits de santĂ©, sĂ©curitĂ© alimentaire, transports, environnement…)
  • Violation de conventions internationales ratifiĂ©es par la France (droits humains, lutte contre la corruption, devoir de vigilance)

💡 Le lanceur d’alerte n’a pas à démontrer les faits, mais doit disposer d’informations sérieuses et crédibles.

🔺 Comment lancer l’alerte ?

Les textes prévoient un parcours de signalement en plusieurs étapes :

  1. Signalement interne (au sein de l’organisation ou via un canal dĂ©diĂ©)
  2. Signalement externe (auprès d’une autorité compétente : Défenseur des droits, AFA, CNIL, etc.)
  3. Divulgation publique (en dernier recours : presse, réseaux sociaux, ONG)

Le lanceur d’alerte peut aussi effectuer un signalement directement externe, sans passer par l’interne, si la situation l’exige.

⚠️ Quelles protections pour le lanceur d’alerte ?

Le lanceur d’alerte bénéficie de plusieurs garanties :

  • Interdiction de toute reprĂ©sailles (licenciement, sanction, intimidation, dĂ©nigrement, etc.)
  • Droit Ă  la confidentialitĂ© de son identitĂ© et de celle des personnes visĂ©es
  • IrresponsabilitĂ© civile et pĂ©nale si l’alerte est lancĂ©e de bonne foi
  • Protection juridique et psychologique, y compris pour les facilitateurs (syndicats, associations)

❗ Difficultés rencontrées dans la pratique

Malgré les garanties prévues par la loi, de nombreux obstacles persistent :

  • Mesures de reprĂ©sailles dĂ©guisĂ©es : placardisation, mutation punitive, isolement professionnel Ex. : une infirmière signalant des pratiques mĂ©dicales dangereuses mise au rebut sans justification officielle.
  • Disqualification du signalement : l’alerte est requalifiĂ©e en conflit interpersonnel ou manquement disciplinaire _Ex. : un agent public dĂ©nonçant des irrĂ©gularitĂ©s budgĂ©taires accusĂ© de « comportement perturbateur ». _
  • ProcĂ©dures judiciaires dissuasives : poursuites pour diffamation ou violation du secret professionnel Ex. : un salariĂ© poursuivi pour avoir transmis des documents internes Ă  un syndicat ou un journaliste.
  • Manque de soutien institutionnel : refus de prise en charge du signalement par les autoritĂ©s compĂ©tentes, lenteur des procĂ©dures Ex. : une lanceuse d’alerte ayant saisi le DĂ©fenseur des droits sans rĂ©ponse pendant plusieurs mois.

Ces réalités renforcent la nécessité d’un accompagnement juridique dès le début de la démarche.

📆 Textes de référence

  • Loi n° 2016-1691 du 9 dĂ©cembre 2016 dite « Sapin 2 »
  • Loi n° 2022-401 du 21 mars 2022 de transposition de la directive europĂ©enne 2019/1937
  • Directive (UE) 2019/1937 sur la protection des personnes signalant des violations du droit de l’Union
  • Code du travail, Code gĂ©nĂ©ral de la fonction publique, Code pĂ©nal

Votre avocat vous aide Ă  :

  • Qualifier le signalement et sĂ©curiser la procĂ©dure
  • DĂ©terminer la stratĂ©gie de signalement interne ou externe
  • Proposer un accompagnement juridique en cas de reprĂ©sailles
  • Conseiller les employeurs dans la mise en place de dispositifs conformes (canal dĂ©diĂ©, charte, rĂ©fĂ©rent, etc.)

Maître Fatima Ghilassene

Cet article a été rédigé par maître Fatima GHILASSENE, avocate au Barreau de Lille

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